Les
Attentistes
A propos de la transition agricole :
Je n'ai pas d’avis très net sur ce que devrait être l’agriculture d’aujourd’hui, hormis qu’il faut qu’elle s’attache à un modèle productiviste.
A propos de la transition alimentaire :
Très peu engagé dans l’évolution de mon alimentation, seul le prix est un argument susceptible pour m'y inciter.
Ce travail repose sur la segmentation de Destin Commun en 6 familles de valeurs.
1. Rapport à l'agriculture : un détachement notable
Particulièrement détachés des mondes agricoles, les Attentistes sont le groupe qui a la moins bonne image des agriculteurs en général et notamment des agriculteurs bio. Ils sont aussi parmi les groupes les plus en soutien des modèles productivistes. Pour autant, les petites exploitations agricoles ont une image très largement plus positive que les grandes exploitations agricoles.
Leur avis sur les différentes spécialités agricoles suit les tendances de l’opinion tout en étant toujours un peu plus en retrait que la moyenne. Les Attentistes attendent très peu de l’agriculture et du monde agricole : ils ne sont ainsi que 69% à considérer que c’est un secteur économique important et 68% à affirmer qu’elle fournit des produits de qualité aux consommateurs.
Cette distance observée se traduit aussi dans le fait que, beaucoup moins que la moyenne, ils considèrent que l’agriculture fait partie intégrante de l’identité française (70% vs. 87%). Cette distance se lit aussi dans leur rapport aux mobilisations agricoles de l’hiver 2024 : ils sont en effet 19% à ne pas en avoir entendu parler (6% en moyenne pour la population). Pour ceux qui en ont entendu parler, on note par ailleurs que l’indice de soutien est le plus bas en comparaison des autres familles de valeurs, à 62% contre 76% en moyenne de la population.
Plus largement, si, comme pour le reste de la population, ils considèrent particulièrement important pour l’avenir de l’agriculture de rémunérer de manière plus juste les agriculteurs, ils sont nombreux à ne pas se prononcer sur ce qui est, selon eux, prioritaire ou important pour l’avenir de l’agriculture en France. Ils sont encore plus à ne pas se prononcer sur les aides à augmenter, à diminuer ou à maintenir pour les agriculteurs.
Ils placent par ailleurs à des niveaux de soutien relativement proches l’idée d’augmenter les aides pour l’agriculture conventionnelle et les producteurs bio, les éleveurs en bâtiment et les éleveurs en plein air, les producteurs qui vendent la plupart de leurs produits à l’étranger et ceux qui distribuent localement.
L’absence d’approche systémique éloigne les Attentistes de toute prise de position ou de tout avis fort sur la question de l’harmonie entre environnement et agriculture. Cette incapacité ou cette non volonté à se prononcer se reflète dans le fait qu’ils sont 24% à ne pas se prononcer sur le modèle souhaitable pour le futur de l’agriculture, contre 9% pour l’ensemble de la population. Sur l’ensemble des modèles testés, ils se positionnent systématiquement en dernière position.
2. Rapport à l'alimentation : l'accessibilité avant tout
Peu engagés dans la transition de leur alimentation, ils sont en retrait sur l’ensemble des régimes alimentaires testés, et sont nombreux à ne pas se prononcer.
Les arguments environnementaux, santé, bien-être animal sont peu cités en comparaison de la moyenne. Ils s’engagent d’ailleurs à reculons dans la baisse de la consommation de viande et constituent le premier groupe déclarant ne pas être prêt à réduire sa consommation de viande, à 33%.
Le bien-être animal est très loin de leurs préoccupations et n’est pas un moteur de changement, de même que l’impact environnemental de l’alimentation. Toutefois, à, l’égal des Laissés pour compte, ils n’ont pas d’image particulièrement négative des personnes adoptant des régimes pauvres en viande et se prononcent assez peu sur le sujet.
Avec les Laissés pour compte, ils sont les moins prêts à payer plus cher leurs produits alimentaires pour quelque raison que ce soit. Toutefois, le critère pouvant le plus facilement les faire évoluer est celui de la qualité nutritionnelle (67%) et la qualité gustative (66%). Enfin, dans leurs habitudes de consommation, ils se distinguent du reste de la population principalement par le critère de l’habitude (18%) et de la marque (22%).
3. Recommandations : comment leur parler d'agriculture et d'alimentation ?
Opportunités sur lesquelles s’appuyer :
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Capitaliser sur le confort de vivre chez soi et sur une planète durable et accueillante pour les générations futures.
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Peuvent suivre une forme de prescription qui leur permettrait de gagner en confiance et de renforcer leurs certitudes.
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Valoriser des actions individuelles quotidiennes faciles à accomplir.
Écueils à éviter :
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Ne pas surinvestir le discours, mais dire qu’ils peuvent gagner en confort de vie en mangeant mieux et en soutenant une agriculture plus durable ;
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Ne pas se limiter aux bénéfices individuels : les Attentistes sont différents des Libéraux optimistes, ils sont incertains plus qu’individualistes.
Déplacements à opérer :
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Passer d’un discours systémique à la valorisation de gestes faciles à adopter
Narratif à mobiliser :
Très en retrait sur tout, difficile de les engager autrement que par la préservation d’une forme de bien-être et de confort.
Angles à adopter :
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Montrer que leur confort dépend aussi de leur capacité à consommer de manière durable et à soutenir une agriculture qui préserve notre environnement et nos modes de vie ;
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Les inciter à agir à leur niveau, à suivre et soutenir des initiatives dont ils pourront tirer une certaine fierté sans trop d’effort : campagnes de financement participatif, adhésion à une AMAP, etc. ;
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Valoriser les goûts autour de figures de référence qui les sensibilisent au sujet (petits commerçants, chefs, etc.).
Émetteurs entendus ces derniers mois sur les questions d’agriculture et d’alimentation :
Agriculture : les journalistes et leurs proches constituent les émetteurs principaux qu’ils entendent parler d’agriculture, restant toutefois en deçà du reste de la population.
Alimentation : les enseignes de supermarché avant toute chose, puis les journalistes et les associations de consommateurs et environnementales. Les Attentistes se distinguent toutefois dans le fait que les associations de solidarité et d’insertion sociales sont plus citées que la moyenne dans les émetteurs sur l’alimentation.