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 Parlons aux mondes agricoles 

Agriculteurs et transition écologique : comprendre les différences et dépasser les clivages

Au cours des derniers mois, Parlons Climat a cherché à mieux comprendre la population agricole. La profession étant au cœur des débats et des discussions sur le climat et l’environnement, il était essentiel de s'intéresser à ses réalités pour mieux identifier les mécanismes d’adhésion et de rejet des discours liés à la protection de l’environnement.
 
En nous intéressant au profil des exploitations, aux préoccupations des agriculteurs, aux positions sur la politique agricole, aux proximités syndicales, au rapport à l’avenir, aux conditions d’accès au métier, nous avons pu identifier ce qui pouvait caractériser différents segments de la population agricole par rapport aux questions environnementales.
 
Nous en tirons de nombreux enseignements sur les manières dont toutes les organisations et acteurs amenés à interagir avec les agriculteurs peuvent parler d’environnement. 

Méthodologie

Méthodologie

Ce travail cherche avant tout à proposer des outils activables pour communiquer : il s’appuie sur une abondante recherche documentaire, de nombreux entretiens menés avec des chercheurs et des spécialistes du secteur ainsi que 3 sources de données quantitatives et qualitatives :

Les noms des personnes dont les verbatims sont cités ont été changés.

 1. Non pas un, mais des mondes agricoles et des représentants difficilement identifiables : comprendre les mondes agricoles et les sous-groupes qui les constituent, c’est avant tout s’intéresser aux situations, qu'elles soient géographiques, économiques, professionnelles. 

Préoccupations

Les préoccupations  des agriculteurs s’articulent autour de 4 enjeux majeurs qui sont souvent cumulatifs pour les personnes que nous avons interrogées par téléphone, dans le cadre de questions ouvertes :

  • La préoccupation économique

 

Pour 52% des répondants, qu’il s’agisse des charges, des problèmes de débouchés, des fluctuations des marchés. La préoccupation économique représente une très grande diversité de préoccupations plus spécifiques qui ramènent toutes aux questions de revenu, si prégnantes lors des mobilisations de cet hiver (voir notre note sur le sujet).

  • Les contraintes et conséquences des politiques publiques

 

Pour 35% des répondants, les lois, les normes, les contraintes administratives sont pointés du doigt. Cela concerne tout ce qui donne le sentiment d'exercer un métier de bureau exigeant de devoir “rendre des comptes”, sans pour autant assurer de vision à long terme suffisamment rassurante. 

"Nourrir des animaux correctement ça revient cher et le prix de vente qui n’a pas bougé, c’est compliqué, et les animaux on peut pas arrêter de les nourrir."

 

Roxane, éleveuse canards et porcs depuis 2022

"Y a des choses qui sont mises en place par le gouvernement ou l’Europe, ça ressemble à rien…"

 

Hugo, éleveur et céréalier depuis 2014

  • Le contexte climatique et la vulnérabilité environnementales

Pour 26% des répondants et principalement les dérèglements climatiques (21%), enjeu cité de manière récurrente par les agriculteurs, qui se vivent comme premières victimes des changements climatiques.

  • le manque de considération

Pour 19% des répondants, illustrant le sentiment d’un fossé qui se creuse entre le monde rural et le monde agricole, mais aussi entre la société et eux-mêmes, une société qui ne les défend pas, un État qui les abandonne, qui ne reconnaît pas le travail effectué.

"Nous on voit le climat qui change, on préfère avoir des pratiques qui changent"

 

Jean, céréalier et arboriculteur depuis 2002

"Je ne fais plus visiter ma ferme aux gens, on ne se comprend plus, Les gens nous voient comme pollueurs"

Thomas, éleveur bovins lait depuis 2002

3 spécialités représentent 70% des exploitations agricoles : élevage, grandes cultures et viticulture

10% de surfaces bio

26% de femmes exploitantes

14% de fermes sont tenues par des exploitants de moins de 40 ans

8% installés depuis moins de 10 ans

Sources : Agence Bio et Agreste

Quelques chiffres à avoir en tête

A. Ces préoccupations variées témoignent de la diversité des mondes agricoles

La spécialité agricole (élevage, maraîchage, viticulture, etc.) et la région de production donnent lieu à une grande variété de représentations du métiers. Les préoccupations et les sources d'inquiétude des agriculteurs sont indissociables des conditions géographiques et sociales d'exercice du métier.

  • Particulièrement sujets aux aléas climatiques, les arboriculteurs et les viticulteurs sont les plus inquiets des dérèglements climatiques ;

  • Les éleveurs de porcs et volailles sont particulièrement inquiets des contraintes et conséquences des politiques publiques, là où les éleveurs bovins et les maraîchers en sont nettement moins inquiets ;

  • Ce sont enfin les maraîchers qui souffrent le moins de problèmes de considération, en revanche, la question de l’accès aux ressources est une source d’inquiétude particulièrement forte chez eux ;

  • Il faut enfin noter que le contexte économique et le contexte environnemental préoccupent particulièrement les moins de 40 ans.

La région, le département, voire même la commune de production a aussi une influence importante sur les sources d'inquiétudes des répondants et leurs liens sociaux : 

  • Les aléas climatiques varient fortement d'une région à l'autre (cf. Climadiag porté par Météo France et Solagro)

  • Des communautés professionnelles liées à la convergence des intérêts peuvent se structurer localement renforçant la dépendance à des filières, mais facilitant aussi l'accès à des débouchés ;

  • Des territoires à la grande diversité de productions peuvent créer de l’isolement pour certaines OTEX minoritaires (ex. Production d’huile d’olive bio dans des régions viticoles).

À titre d'exemple : 

  • Le contexte économique préoccupe très largement, mais particulièrement peu en Bourgogne Franche-Comté et Île-de-France, deux régions agricoles particulièrement riches

  • Les contraintes et conséquences des politiques publiques préoccupent en revanche davantage les régions céréalières, où l'implantation du syndicat majoritaire est importante

  • C’est dans l’ouest et en particulier en Bretagne que le contexte environnemental inquiète le moins

  • Sujettes aux aléas climatiques, les régions Paca et Corse sont particulièrement préoccupées par le contexte environnemental, mais souffrent peu du manque de considération de la société à leur égard

B. La variété de ces préoccupations s'exprime dans les différences de conception de ce que devrait être la politique agricole

En fonction de la taille et du type d'exploitation, on observe d'évidentes différences de perception et d'attentes vis-à-vis de ce que devrait être la politique agricole : plus encourageante pour les exploitations qui s'agrandissent, plus adaptée à la structure sociale de la ferme ou plus accompagnante pour celles qui veulent s'engager dans la transition environnementale.

21%

des agriculteurs interrogés en 2023 citent le dérèglement climatique et ses conséquences comme source d'inquiétude.

C. Cette variété croissante rend difficile une représentation monolithique des mondes agricoles

Ces difficultés s'expriment à travers plusieurs indicateurs : 

  • ​Un sentiment constant chez les agriculteurs d'avoir un point de vue mal représenté dans le débat public et ce d'autant plus fortement chez les agriculteurs les plus jeunes (IFOP, 2022) ;

  • Une part minime de votants aux élections professionnelles (20%, IFOP, 2022) et d'adhérents au syndicat majoritaire (18%, BVA, 2023) qui se sentent bien représentés dans le débat public ;

  • Une part importante des adhérents au syndicat majoritaire qui le sont pour les services (25%) plus que par conviction ou mlilitantisme (10%) ;

  • Près de la moitié des personnes qui se sont mobilisées pour défendre leurs intérêt au 2e semestre 2023 n'appartiennent à aucun syndicat (BVA, 2023) ;

  • Un sentiment d'isolement de la part de certains agriculteurs vis-à-vis de la représentation syndicale (voir verbatims ci-dessous) ;

  • La conscience d'intérêts divergents entre ceux des décideurs syndicaux et ceux de l'exploitant agricole (voir verbatims ci-dessous) ;

85%

des agriculteurs considèrent que leur point de vue est mal représenté dans le débat public (2023)

52% 

des agriculteurs considèrent que les exploitants en grandes cultures sont ceux dont le point de vue est le mieux défendu dans les débats et les décisions publics aujourd´hui (2022)

43%

se sentent d'abord représentés par eux-mêmes (2022), loin devant les syndicats (22%), les chambres d'agriculture (17%), les interprofessions (6%) et les coopératives (6%)

Dans un contexte de défiance accrue envers les médias, le gouvernement et les institutions, le cercle de confiance des Laissés pour compte est de plus en plus marqué par la proximité, géographique et affective :

Zone de défiance maximale :  une très forte défiance envers le gouvernemenet la démocratie à tous les étages. La dimension internationale inquiète les LPC, tant sur le plan de l'immigration qui induit l'arrivée d'individus à aider alors qu'eux-même ne le sont pas assez, que sur le plan de la mondialisation qui profite toujours "aux plus gros".

Zone de défiance :  une vision de la société très divisée, marquée par une attitude de méfiance, aussi bien envers les autres, qu'envers les journalistes. Ils confessent ne "plus savoir qui croire". Dans un contexte d’inégalités importantes et croissantes, la concurrence des publics qui bénéficient d'aides ("assistés", migrants) joue à plein, eux qui ne sont pas assez pauvres, ou trop riches, pour en profiter.

Zone de confiance :  circonscrite à l’environnement proche et local, avec des parents, amis et voisins comme premier socle de sociabilité et d'information. Les agriculteurs jouissent d'un fort soutien car perçus, eux aussi, comme victimes du système malgré leur travail laborieux.

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"Qu'on soit dans le sud-est, dans le sud-ouest, ou toute la partie nord-est ou nord-ouest, le climat est complètement différent. Donc c'est compliqué de répondre aux besoins exacts de chacun. Oui. Le viticulteur de l'Hérault ne va pas avoir le même besoin que le céréalier de la bosse."

Corine, éleveuse canards et porcs installée depuis 2022

Rapport à la transition
Rapport à la transition

2. Agriculteurs et écologie : 
Il n'y a pas d'opposition à la transition écologique chez les agriculteurs.

A. Transition écologique et politique agricole : des différences de perception

On le voit, le contexte environnemental est l’une des principales préoccupations des agriculteurs. 79% des agriculteurs que nous avions interrogés dans notre étude IFOP de 2022 considéraient d'ailleurs que le réchauffement climatique aurait des incidences fortes sur leur production dans les 10 années à venir ou en avait déjà actuellement. Le changement climatique n'est donc pas un sujet qu'il faut éviter : il faut trouver les bons mots pour en parler sans alimenter les clivages. 

Sécheresses, inondations, épizooties, espèces invasives, chaque année a son lot de catastrophes liées au dérèglement climatique. Premières victimes de ces phénomènes, les agriculteurs s’adaptent. Certains s’engagent dans l’agriculture biologique, d’autres font le pari des produits phytosanitaires, d’autres encore développent de nouvelles formes de productions (amandes, pistaches…), quand certains diversifient les sources de revenu sur la ferme pour tirer profit de l’économie verte. Mais aujourd’hui, alors que l’action humaine accélère les dérèglements climatiques, les mondes agricoles vivent une double exigence :

  • Vis-à-vis de la société : adapter leurs pratiques pour réduire leur impact environnemental 

  • Vis-à-vis de leur métier : adapter leurs pratiques pour pouvoir continuer à produire dans les prochaines décennies

​Menace, nécessité ou opportunité, cette transition environnementale fait l’objet de différentes perceptions chez les agriculteurs, alimentant les fondements d'une lecture "segmentée" des mondes agricoles : 

  • Plus on est engagé dans la transition, plus on soutient des mesures en faveur de celle-ci ;

  • Plus on y est opposé, moins on soutient des mesures allant dans le sens de cette transition. 

79%

des agriculteurs interrogés en 2022 considèrent que le changement climatique aura des incidences dans les 10 années à venir ou en a déjà actuellement sur leur production

L'agriculture verte c'est bien, faut savoir en profiter

 

Polyculteur éleveur depuis 2005

Je suis le premier à vouloir évoluer si c’est nécessaire mais il faut que ce soit faisable.

 

Éleveur brebis installé en 2009

Je n'ai pas l'impression qu'on applique les mêmes choses des fois à l'industrie, aux loisirs, tout ce qui est transport, avion, etc.

Polyculteur éleveur depuis 1999

B. Vers une lecture segmentée des mondes agricoles

Partant de ce constat, trois grands critères nous paraissent incontournables à prendre en compte pour bien adapter le discours sur les transition au public agricole visé :

  • La position sur la transition écologique est une donnée essentielle à prendre en compte pour qui veut parler climat aux agriculteurs. Elle apporte un éclaircissement sur différents profils d’agriculteurs au sein d’un secteur particulièrement exposé aux enjeux de transition ; 

  • Le souhait de recommander ou non le métier à un jeune de sa famille, d’autant plus dans un contexte de difficultés accrues à trouver un repreneur, est un indicateur d’optimisme et de vision du métier et de l'avenir qui permet de mieux identifier quelles tonalités adopter ; 

  • La propension à s’engager et la mobilisation effective sur les 6 derniers mois informe sur un engagement pour le métier et une certaine capacité à prendre la parole.

On l'a vu,

  • Les personnes considérant la transition écologique comme une opportunité représentent 23% de notre échantillon : ils constituent un groupe de volontaires écologistes

  • Les personnes considérant la transition écologique comme une erreur représentent 15% de notre échantillon : ils constituent un groupe à part entière de défiants

 

Restent 61% de pragmatiques qui considèrent que la transition est une nécessité avec laquelle il faut composer. Si c'est un groupe un peu plus féminin que les deux autres, il ne constitue pas pour autant une seule et même réalité. On y retrouve une variété de spécialités, une variété de surfaces, une variété de proximités syndicales. 

Il est donc intéressant de les regrouper en fonction de leur rapport au métier et en particulier leur souhait d'encourager un jeune ou un membre de leur famille à devenir agriculteur, permettant ainsi d'établir une distinction entre des pragmatiques résignés et des pragmatiques optimistes.

61%

des agriculteurs interrogés en 2023 considèrent que la transition écologique est une nécessité et qu'il faut faire avec

Chez les pragmatiques résignés comme chez les pragmatiques optimistes, la part de personnes se mobilisant régulièrement pour défendre ses intérêts est inférieure à la moyenne de ce que nous avons pu mesurer dans notre échantillon. 

Si faire des typologies d’agriculteurs revient nécessairement à simplifier la vision d’un secteur très complexe, nous avons remarqué que les facteurs que nous venons de décrire permettaient d’avoir une compréhension relativement fine de la situation de ceux-ci, de leurs valeurs et de leurs systèmes de représentation. Cette segmentation, opérante, est absolument nécessaire pour qui veut communiquer stratégiquement auprès des mondes agricoles. Elle permet de lire les différents segments de la population agricole, de comprendre ce qui fait commun, ce qui peut cliver et identifier ce qui peut permettre d’engager plus fortement les professionnels du monde agricole dans la transition écologique de leurs pratiques. 

32%

des agriculteurs interrogés en 2023 se sont mobilisés pour défendre leurs intérêts au cours des 6 derniers mois

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"Mon exploitation a été noyée une bonne partie de l'hiver, j'ai rien fait... Donc on change nos façons de travailler..."

Paul, éleveur bovin, volaille et culture céréalière installé en 2007

 3. Parler d'environnement aux agriculteurs : 
des risques de rejet à désamorcer, mais aussi de potentiels leviers de mobilisation à utiliser.

Profils identifiés pour parler climat

S'il n'y a pas de rejet de la cause environnementale chez les agriculteurs, on note que ce qui a trait à l'écologie ou la transition écologique est souvent associé à :

 

  • De la lourdeur :

    • Une charge administrative constituant une charge de travail supplémentaire ;

    • Des contraintes qui peuvent véhiculer un sentiment de perte de liberté sur leurs propres terres.

  • Complexité et instabilité  :

    • Le sentiment de manque de ligne de conduite de la part des décideurs décrédibilise la transition et rend difficile la prise de décision à leur échelle ;

    • La peur de l’erreur et sentiment de “flicage” très anxiogène.

  • Manque de sens

    • Sentiment de déconnexion des mesures prises avec la réalité du terrain ;

    • Des démarches demandées dont ils ne perçoivent souvent pas l’utilité ;

    • Un manque d’harmonisation internationale et, à défaut, de protectionnisme, qui les condamne…

Le terme "transition écologique" est ainsi lu sous un prisme politique et c'est à ce titre qu'il peut faire l'objet de rejet, alors même que 79% des agriculteurs interrogés en 2022 percevaient une incidence forte du changement climatique sur leur production agricole. Par ailleurs, ils étaient aussi 79% à considérer les solutions agroécologiques prioritaires par rapport aux solutions technologiques pour faire face aux effets du changement climatique.

A. Des clés pour adapter sa communication aux mondes agricoles

  • Rappeler que les agriculteurs figurent parmi les premières victimes du changement climatique et que pour les aider à y faire face, il faut les accompagner et les aider à s’adapter à un nouveau contexte climatique et environnemental ;

  • Mettre en avant les nouvelles générations, qui ont des attentes particulières et souhaitent s’installer en mettant en œuvre de nouvelles pratiques ;

  • Valoriser les bénéfices économiques de la transition, maintenant et sur le long terme et l’incarner par des figures emblématiques ;

  • Rappeler le rôle des normes et que le problème n’est pas tant dans les normes en tant que telles, que leur complexité et surtout leur problème de cohérence et l’absence de vision des décideurs ;

  • La transition environnementale de l’agriculture, une transition pour préserver la planète, les sols, mais aussi bénéfique pour la santé des agriculteurs et des consommateurs : affirmer que la transition est l’affaire de tous ;

  • Remettre la question d'un revenu digne et des conditions de travail au centre du débat ;

  • Recréer du lien avec les consommateurs perçus comme ayant des comportements incohérents et rappeler qu’il faut avant tout pousser le cadre politique à mieux accompagner les consommateurs dans la transition de leur alimentation ;

  • Souligner la nécessité de multiplier les initiatives pour aider les agriculteurs à s'engager dans un modèle qui soit non seulement durable pour la planète, mais aussi pour eux ;

  • Dépasser le clivage agri/écolo et affirmer qu’ils ne sont pas les responsables d’une situation. C’est plutôt le système qui est à blâmer ;

  • La notion de transition écologique n’est pas consensuelle : il faut dépasser cette notion, perçue sous un prisme politique par les agriculteurs et investir les champs lexicaux de la durabilité, de la préservation, de l'adaptation.

79%

des agriculteurs interrogés en 2022 priorisent les solutions agro-écologiques aux solutions technologiques pour faire face aux effets du changement climatique

B. Adapter son message à sa cible 

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Qui sont-ils ?

Davantage certifiés bio, installés plus récemment que les autres et déjà engagés dans l’évolution de leurs pratiques. Ils sont très attachés à toute forme d’évolution des modes d’accompagnement vers une meilleure prise en compte de la question environnementale.

Verbatims

On est les premiers concernés, on se doit de protéger notre nature pour qu’elle nous le redonne

 

Je pense qu’on fait partie de 3 ou 4 pays au monde la plus compétents au niveau agricole.

 

Ce qui est positif c’est qu’ils nous imposent d’avoir différentes cultures, de ne pas faire de monoculture : ça c’est bénéfique même si c’est contraignant. Nous on le fait, on le faisait déjà mais c’est pas le cas de tout le monde, les grosses exploitations ne le faisaient pas.

Approches adaptées

  • Accompagner les plus jeunes dans la communication de bonnes pratiques

  • Les maintenir engagés en continuant à alimenter la discussion sur l'agroécologie

  • Susciter l’émulation et le sentiment de faire partie d’un mouvement positif

  • Ne pas les sur-valoriser au risque d'en faire des figures polarisantes

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Qui sont-ils ?

Un profil un peu plus pessimiste que les autres, qui a tendance à davantage subir son métier et à s’isoler dans sa pratique de l’agriculture. Ce sont les moins engagés dans l’action syndicale, ainsi que dans la promotion de leur activité auprès du grand public ou des professionnels. Ils sont nettement moins socialisés que les autres.

Verbatims

Le problème, c'est que ça change très régulièrement, donc... Ouais. Le problème, c'est qu'aujourd'hui, vous faites ça, mais demain... 

 

Il faut qu'on accompagne aussi, parce qu'on a trop d'engagement économique et on ne peut pas se permettre aujourd'hui de baisser la production ou de faire des tests,

 

Je trouve qu'on a un décalage social avec le reste de la société qui… qui se creuse et… et ça, voilà, ça pénalise aussi pour donner de l'envie à des jeunes.

Approches adaptées

  • Les inciter à tester des pratiques à leur échelle et valoriser ceux qui souhaitent s'engager dans des démarches de transition environnementale

  • Palier leur isolement et développer un réseau de tiers de confiance

  • Privilégier des approches très appliquées, ancrées sur le terrain

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Qui sont-ils ?

Moins en circuit court que les autres, ils sont davantage issus du monde agricole.

  • Les non mobilisés (29%) : un profil qui n'est pas particulièrement engagé, ayant moins voté que les autres lors des élections de chambre de 2019. C’est un profil silencieux, qui sait qu’il faut évoluer, mais qui n’a pas nécessairement toutes les armes en main pour s’engager dans cette transition. Ils sont moins prompts à s’engager dans des démarches de transition ou à encourager des aides allant dans cette direction, mais dans le même temps, ils cherchent à transformer leurs pratiques.​

  • Les mobilisés (13%)  : Des agriculteurs très socialisés qui se définissent essentiellement par leur jeunesse, très intégrés dans le monde agricole. Ils sont très largement syndiqués et engagés dans la vie politique agricole. 

Verbatims

Il faut qu’ils nous mettent des ingénieurs, des agronomes. Il faut qu’ils nous trouvent des solutions, moi je suis pour évidemment, la terre à traiter ça nous fait pas plaisir, nous on est des cultivateurs, on veut semer du blé, on veut récolter du blé moi je ne récolte pas du blé et des chardons ! 

Je réduis les apports d’azote, mais plus pour faire des économies… 

Approches adaptées

  • Leur parler de l'avenir de la profession sous un angle positif, valorisant les nouveaux débouchés potentiels

  • Continuer à les informer sur les bénéfices de l'agro-écologie

  • Documenter les pratiques, valoriser les intérêts économiques de la transition

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Les défiants

Qui sont-ils ?

Une frange plus conservatrice qui manifeste un rejet de toute évolution des structures existantes. On observe même une forme de refus systématique vis-à-vis de tout ce qui peut avoir trait à l’écologie ou à l’environnement.

Beaucoup étant devenus agriculteurs en reprenant l’exploitation familiale, il y a chez eux le sentiment de subir une politique agricole inconstante, percutée par les enjeux écologiques. Ni majorité silencieuse ni minorité bruyante, ce profil, du fait de sa faible mobilisation et de son refus systématique des thématiques environnementales, n’est aujourd’hui pas un “enjeu” en terme de communication. 

Verbatims

Je n'ai pas l'impression qu'on applique les mêmes choses des fois à l'industrie, aux loisirs, tout ce qui est transport, avion, etc.

Approches adaptées

  • Ne pas faire l’impasse sur les sujets financiers et la réalité des difficultés liées à la transition

  • Éviter l’opposition franche entre les modèles nouveau et ancien, éviter la condamnation pure des approches conventionnelles

Ces enseignements proposent une ligne, voire des lignes, pour sortir des clivages et tenir compte des préoccupations d’une profession qui se sait à un tournant. En écoutant le rapport qu’ils entretiennent avec l’avenir et en tâchant de mettre le doigt sur le rapport qu'ils ont avec leur métier et avec les institutions agricoles (syndicats, coopératives, ministère, chambres, etc.), nous avons identifié ces segments. 

 

Cette approche a vocation à identifier quel pourrait être le langage commun sur l’écologie, l’environnement, le climat, en lien avec les mondes agricoles. Elle vient compléter des approches sectorielles adaptées aux pratiques, qu’elles soient régionales ou socio-démographiques.

 

Pour en parler avec nous, compléter nos enseignements, collaborer sur des projets plus spécifiques ou être formés aux manières de parler climat aux agriculteurs, n’hésitez pas à nous contacter !

Contact

Damien Cahen
Responsable agriculture et alimentaion de Parlons Climat

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Voir le webinaire de présentation pour ALTAA
1h30

Consulter notre étude sur le mouvement des agriculteurs
 

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