Leur vision du monde se structure autour :
Leurs fondements moraux se structurent autour de l’autorité (la quasi-totalité d’entre eux considère que la France a besoin d’un vrai chef pour remettre de l’ordre), du respect, de l’ordre, de l’obéissance, de la justice. Ils définissent fortement leur identité autour de leur génération, de leur appartenance nationale et de leurs convictions politiques.
Ils sont intégrés socialement, notamment au local : ils leur arrivent souvent de boire un café avec un voisin, de s’engager dans des actions locales. Ils n’hésitent pas à donner de la voix et à prendre part au débat.
Des six familles de valeurs, les Identitaires sont les plus âgés : 40% ont 65 ans et plus, vs. 25% en moyenne. Ils sont moins diplômés que la moyenne des Français, ce qui est aussi lié à leur âge : les nouvelles générations tendent à être de plus en plus diplômées.
Ils ne se démarquent pas par leur difficultés financières (comme la moyenne des Français) ou leur agglomération.
Ils sont très politisés et s’autopositionnent très à droite. Ils survotent très largement pour l’extrême-droite. En mars 2022, leurs intentions de vote se dirigeaient à 26% pour Marine Le Pen (vs. 15% en moyenne) et 17% pour Eric Zemmour (vs. 7% en moyenne).
Le niveau d’inquiétude des Identitaires vis-à-vis de la crise climatique est égal à celui de la moyenne des Français. Ils sont 59% à considérer cet enjeu comme important, soit exactement comme la moyenne des Français. Ils considèrent autant que la moyenne des Français que le changement climatique sera « très ou moyennement préjudiciable » pour eux (42%), et pensent également tout autant que la moyenne qu’il sera « très préjudiciable » pour les générations futures (71%).
En résumé : l’enjeu de la protection de l’environnement et de la lutte contre la crise climatique n’est pas nié par les Identitaires, qui en comprennent tout autant que la moyenne des Français les conséquences et l’importance, pour eux et pour les autres.
Mais ce n’est pas leur priorité : d’autres sujets les préoccupent plus. L’immigration est une priorité des Identitaires, bien plus que pour la moyenne des Français. Sur cette question, cette famille de valeurs créée une distorsion, que l’on retrouve étude après étude de Destin Commun.
Les mêmes sujets peuvent inciter les Identitaires à en faire davantage pour la protection de l’environnement et la lutte contre la crise climatique : protéger les enfants, préserver la beauté de la nature. Un point les distingue et rejoint leur vision du monde et leurs priorités : éviter les migrations climatiques. Ils identifient bien plus ce sujets que la moyenne des Français et que toutes les autres familles de valeurs.
Deux éléments forts structurent la vision du monde des Identitaires : l’identification des élites comme ennemi potentiel, et le rejet des injustices. Ce sentiment est lié et se retrouve dans un rejet fondamental : la dénonciation d’un système à deux vitesses, qui bénéficient d’abord aux puissants et aux élites.
La question environnementale et climatique ne fait pas exception : les Identitaires dénoncent plus fortement les gros pollueurs, et considèrent plus que ce n’est pas leur action qui changera les choses tant que ceux-ci ne font rien. On retrouve leur principes de responsabilité, d’ordre et de justice.
Ils sont par ailleurs 86% à trouver ce texte crédible : « Aujourd’hui, les grandes entreprises polluent davantage que les Etats et les personnes les plus aisées émettent plus de CO2 que les plus pauvres. Combattre le changement climatique, c’est donc préserver les gens ordinaires et imposer des efforts aux gros pollueurs et aux multinationales. »
Valorisant le local, le terroir et les traditions, les Identitaires reconnaissent fortement le rôle des agriculteurs dans la lutte face à la crise climatique. Plus largement, la figure de l’agriculteur est une figure à laquelle ils sont attachés. Les critiquer activera leur opposition, tandis que valoriser leurs actions, leurs conditions de vie et de travail, les difficultés et injonctions contradictoires auxquelles ils font face viendra renforcer l’adhésion des Identitaires.
Nous avons identifiés certains sujets favorisant, accentuant l’opposition aux politiques en faveur de l’environnement ou l’action individuelle sur ce sujet. Sur ces différents axes, on retrouve les Identitaires souvent plus représentés que les autres familles de valeurs et que la moyenne des Français :
L’opposition des Identitaires sur certaines actions ou politiques publiques environnementales est donc, en partie, liée à des visions et des valeurs de fond : l’enjeu des choix individuels, le climatosepticisme, le rapport de l’Homme à la nature…
Les Identitaires sont d’abord marqués par une forme de nostalgie, de temps passés qui étaient mieux que la société actuelle. Ils sont par ailleurs moins enclins à soutenir l’idée de changement radicaux concernant nos modes de vie. Ils les acceptent, mais avec modération.
A noté par contre qu’ils considèrent tout autant que la moyenne des Français que le modèle économique actuel n’est pas compatible avec la protection de l’environnement et la lutte contre le changement climatique.
Considérer l’énergie nucléaire comme une solution rapide face à la crise climatique est un sujet qui divise les familles de valeurs qui composent la société française. Les Identitaires sont la famille qui est le plus en accord avec cette idée.
Si les Identitaires sont engagés au niveau local, notamment dans des principes d’entraide de pairs à pairs, et aiment débattre, ils ne se sentent pour autant pas entièrement inclus, comme faisant partie prenante du mouvement en faveur de l’environnement et de l’écologie. Ils sont 34% à le ressentir, vs. 30% en moyenne. Les raisons derrière cela seront à approfondir.
Miroir de ce sentiment, les Identitaires valorisent moins l’action des associations et des militants du mouvement climat dans la protection de l’environnement aujourd’hui en France.
Leur horizon de mobilisation se retrouve dans la moyenne de celui des Français. Ils signent par ailleurs plus de pétitions, reflet de leur critique du système, du gouvernement et des institutions.
Les Identitaires sont la famille de valeurs qui considère le plus déjà faire le maximum et ne pas pouvoir en faire plus dans son quotidien. « Etre au maximum » constitue une corrélation forte pour s’opposer ensuite à différents changements, notamment importants, corrélation que l’on retrouve bien chez les Identitaires.
Leur attachement au local, au national, se traduit dans les actions quotidiennes, individuelles, qu’ils déclarent déjà faire pour participer à la lutte contre la crise climatique. C’est dans leur mode de consommation, favorisant le local, qu’on retrouve les Identitaires plus haut que la moyenne des Français.
Quand on regarde ce que les Identitaires se déclarent « prêts à faire », on voit nettement qu’ils sont au mieux dans la moyenne des Français, voire en deçà. L’installation d’éoliennes près de chez eux constitue leur plus fort sujet d’opposition, pour lequel ils se déclarent par ailleurs « prêts à se mobiliser contre » (pour 27% d’entre eux, vs. 17% en moyenne).
Sur de nombreuses actions individuelles proposées, les Identitaires sont un peu plus haut que la moyenne à déclarer « je me mobiliserais contre ».
Le défi majeur de communication auprès des Identitaires est de réaliser un travail de conviction sur les enjeux environnementaux et climatiques, qui ne sont pas reniés par cette famille de valeurs, afin de :
Pour y arriver, il est clé de :
1/ FAIRE LA PÉDAGOGIE pour leur montrer que préservation du climat rime avec préservation des valeurs et de l’identité auxquelles ils tiennent : il faut tout faire pour que rien ne change !
2/ PARLER D’HISTOIRE : continuer d’expliquer “comment on en est arrivés là”; comment l’activité humaine impacte le climat de façon très concrète.
3/ MAIS TOUJOURS MONTRER L’HORIZON POSITIF auquel on peut aspirer : on peut encore être maître de son destin pour assurer sa tranquillité et sa sécurité en préservant le climat.
4/ VEILLER à ne pas accroître le sentiment de menace ou de non compatibilité politique, en utilisant un vocabulaire ou des émetteurs qui serait essentiellement perçus comme de gauche par exemple.
Dans la communication, quatre déplacements permettront de faire évoluer la façon dont on communique pour in fine faire évoluer leur perception du sujet :
En matière de TON, ils seront plus sensibles à un ton « vrai », franc, sans langue de bois, qui sera aussi pédagogique et très concret. En revanche, ils auront tendance à rejeter un ton et un vocabulaire qui seraient perçu comme trop de gauche.
En termes d’ANGLE, le sujet du climat aura plus d’impact en l’abordant sous l’angle du leadership et de la souveraineté française en matière de transition écologique. Ils seront sensibles à la valorisation des traditions également. A contrario, il faut éviter les discours qui stigmatisent leurs valeurs et risquent de les braquer, voire les contre-mobiliser.
En termes de TEMPORALITÉ, les Identitaires seront sensibles à un discours sur la construction actuelle du patrimoine que nous voulons léguer. Leur parler des répercussions de la crise climatique qui ont déjà lieu permettra de les sensibiliser également. En revanche, il faut éviter de parler d’un futur avec des horizons temporels lointains qui remet les conséquences du changement climatique à plus tard.
Enfin, en matière d’ESPACE, ancrer au plus proche du territoire et du terroir les conséquences de la crise climatique aidera cette famille de valeurs à prendre conscience de l’imminence et la proximité du problème. A contrario, les Identitaires seront généralement moins sensibles au discours sur les conséquences de la crise climatique qui ont lieu loin de chez eux. La campagne Fridays for Future aux Etats Unis est un bon exemple. Elle nous confronte aux conséquences locales du changement climatique qui sont en train d’avoir lieu sous nos yeux et frappent le patrimoine naturel et historique : Venise sous les eaux, des skieurs à Zermatt skiant sur du gazon, les feux dévastateurs en Californie.
La conversation avec eux peut s’établir autour des thématiques et valeurs que nous avons en commun. Lorsqu’il s’agit de faire un choix de thématique à aborder via des contenus ou une campagne, nous gagnerons leur attention en parlant avec eux de :
1/ LE GENIE FRANÇAIS : s’ancrer dans l’actualité française et valoriser les initiatives et innovations françaises, le Made in France !
2/ LE BON VIVRE ET LES TRADITIONS : plus de temps avec ses proches, un rythme de vie plus lent, plus de liens avec la nature, les traditions gastronomiques, et le retour du bon sens dans un monde qui marche sur la tête, etc.
3/ LOCAL ET PROXIMITÉ : valoriser le terroir, ceux qui le font. Donner la parole à ceux qui vivent la crise climatique sur le terrain : agriculteurs, éleveurs etc.
4/ SOUVERAINETÉ énergétique, manufacturière, alimentaire : comment l’action face à la crise climatique va dans le sens d’une plus grande souveraineté.
Le cercle de la confiance des Identitaires est marqué, dans les institutions, par leur rapport à l’autorité, qu’ils valorisent. Ils expriment ainsi une plus forte confiance dans la police, dans l’armée.
Dans une posture de défiance, à l’égard des institutions, des élites, ils sont plus perméables aux discours complotistes.
Leur cercle de confiance est de manière général restreint, les Identitaires font moins confiance à l’ensemble des acteurs listes (journalistes, gouvernements, associations, syndicats). Ils font confiance :
Ils ne font pas ou moins confiance :
Quelques recommandations d’émetteurs potentiels – qu’il conviendra bien sûr de tester :
Les Identitaires suivent de très près l’actualité politique.
Leur premier canal d’informations :
Chaines de télévision les plus regardées : TF1, France 2, mais ils consomment aussi plus France, BFM et Cnews que la moyenne des Français.
Journaux les plus lus (en format papier ou numérique) : un journal régional, 20minutes, et ils lisent un peu plus Le Figaro que la moyenne des Français.
Radio les plus écoutées : Nostalgie, RTL, mais aussi Cherie FM.
Réseaux sociaux les plus utilisés : Facebook, Youtube
Et je n’oublie jamais de me référer aux conseils et étapes de « mieux parler d’écologie », issus de la synthèse de la recherche en climate communication !