Les Français parlent climat 2025
Etude. Alors qu'en ce début d'année 2025, les articles se multiplient autour d'un "backlash" environnemental, nous avons voulu sonder l'état d'esprit des Français. Pour ce faire, nous les avons non seulement interrogés sur la question environnementale, mais également sur leur rapport au politique, à la justice, à la société... autant d'aspects qui interagissent avec la perception de la transition écologique. Nous avons également comparé certains résultats à ceux de notre enquête Les Français parlent climat de 2022.
A travers cette nouvelle étude, il s’agit également de mettre en évidence les opportunités et challenges que présente ce nouveau contexte.
Cette étude a été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 4000 Français en novembre 2024, en collaboration avec le panéliste Kantar Profiles.
Un contexte sociétal marqué par une défiance intense et une remise en question du rôle de l’Etat en matière de solidarité
La période actuelle se caractérise par un sentiment de défiance extrêmement fort ressenti par l’immense majorité des Français. Celle-ci s’exprime en premier lieu dans la vision de l’altérité et de la solidarité. Ainsi, 83% des Français estiment “qu’on n’est jamais trop prudent quand on a affaire aux autres”, plutôt qu’accorder sa confiance aux gens que l’on ne connaît pas. En parallèle, les mécanismes d’aide et le rôle de l’Etat en matière de solidarité nationale est questionné : 67% des Français estiment que de nombreuses personnes sont aidées en France alors qu’elles ne le méritent pas et, selon les chiffres de la DRESS, seules 37% estiment que l'Etat n’intervient pas assez en matière économique et sociale, contre 58% en 2000.
La perception du pays et de l’international se dégrade également depuis 2022. Ainsi, 85% des Français pensent que la France va dans la mauvaise direction, contre 55% en 2022 et 91% estiment que le monde devient de plus en plus dangereux. On assiste donc à une crise de la confiance à tous les niveaux, mais aussi en l’avenir.
Cette situation a des conséquences directes pour la transition écologique et la lutte contre le changement climatique qui sont conditionnées à une coopération individuelle, nationale et internationale que vient abîmer la défiance. Dans un même temps, l’Etat joue un rôle central dans les propositions en faveur de la transition écologique, or son intervention est questionnée, avec des manques perçus sur ses missions historiques.
L’environnement et le climat, un sujet de société majeur qui tend à être dépriorisé au vu du contexte général
Un quart des Français (27%) font de l’environnement et du climat un sujet prioritaire pour la France. Un chiffre en recul (-4 pts par rapport à 2022), alors que le pouvoir d’achat, l’insécurité, la santé et l’immigration tiennent la tête du classement.
La priorité accordée à l’environnement et au climat reste très liée aux valeurs des individus et à leur idéologie politique. On note davantage de soutien chez les Militants Désabusés, les Stabilisateurs (cf. les familles de valeurs de Destin Commun) mais aussi chez les votants Ensemble et Nouveau Front Populaire (NFP). Les 27% de Français priorisant les enjeux climatiques et environnementaux se caractérisent notamment par le fait qu'ils votent plus régulièrement que la moyenne et ont un attachement partisan plus faible.
En parallèle, les Français sont de plus en plus nombreux à se sentir informés sur les solutions qu’ils peuvent mettre en place à leur niveau (75% contre 58% en 2022), sans toutefois que cela ne se traduise par une hausse de l’engagement individuel (cf. ADEME - 2024) ce qui interroge plus globalement sur les leviers de passage à l’action alors que l’information s’avère indispensable mais pas suffisante (cf. Etude sur les climatosceptiques - Parlons Climat 2024).
Pour autant, des opportunités subsistent
Alors que l’on parle régulièrement de "backlash" écologique, il convient de rappeler que bon nombre de politiques climatiques restent consensuelles et largement soutenues par l’opinion publique.
Le soutien aux organisations et mouvements écologistes reste - tout juste - majoritaire bien que sociologique et idéologiquement marqué (surreprésenté chez les jeunes, les urbains, les électeurs NFP).
D’autres émetteurs, capables de toucher d’autres publics, sont aussi perçus comme légitimes pour parler de la problématique environnementale, notamment les scientifiques en premier lieu, mais aussi les élus locaux et les acteurs économiques tels que les chefs d’entreprises et les marques.
De même, plusieurs sujets offrent des opportunités en matière de communication comme faire le lien avec la santé, bien identifiée et attendue des Français ; faire entendre la voix des décideurs économiques ; ou encore la voiture électrique, sujet polarisé mais loin d’être tranché pour une partie des Français.